Avec le retour du mois de novembre, j'accompagne de nouveaux étudiants sur le chemin difficile des classes prépas.
Fin octobre, j'ai participé à l'événement Start'Up Chef à Murat dédié aux porteurs de projets et aux entrepreneurs.
Gabriel Brabant pour Coaching Classes Prépas à Start'Up Chef |
Pendant ces deux jours, j'ai présenté mon activité de coaching en classes prépas et nous avons réfléchi sur le développement de cette activité ou sa remise en cause pour des activités professionnelles plus "concrètes" et plus adaptées à un territoire comme l'Auvergne.
Durant les discussions et les échanges, nous nous sommes intéressés au "système" des classes préparatoires. J'ai déjà pu évoquer dans un article ou un autre, un certain épuisement ou agacement à réparer les élèves cassés par ce système : http://www.coachingclassesprepas.com/2015/06/jen-ai-marre-des-classes-prepas.html
Les échanges sur ce sujet ont valu à Pierre Alzingre, animateur et coach d'entrepreneurs au sein de Visionari, l'expression "Coaching Cass' Prépa".
Pierre a également trouvé dans les publications de certains professeurs des classes prépas, l'expression "bourreaux bienveillants". L'expression date de 2012 dans un article du Monde mais ça lui a semblé surréaliste : "on leur coupe la tête mais avec bienveillance".
Quand j'accompagne les élèves qui souffrent dans ce système, est-ce que je deviens à mon tour un bourreau bienveillant ? Est-ce que ça veut dire que je suis d'accord avec ce qui se passe pour certains de ces élèves ?
En faisant des recherches pour cet article, je tombe sur un blog beaucoup plus récent qui semble avoir une prise de position beaucoup plus radicale, comme en témoigne son titre et son nom de domaine :
Suicide et dépression en prépaLa question que je me pose aujourd'hui, c'est : "Comment fait-on ?"
Comment fait-on, en tant que parent, si on estime que les classes prépas ne sont pas faites pour notre enfant ?
Comme me le disait une mère de famille il y a quelques jours : "Je n'ai aucun doute qu'il a les compétences pour faire les classes prépas mais je ne pense pas que ce soit adapté à sa personnalité."
Vous noterez que la manière "bienveillante" de dire les choses, c'est déjà de dire que ce sont les classes prépas qui ne sont pas adaptées à la personnalité de l'étudiant... et pas l'inverse comme on l'entend tellement souvent dans les discours... "il n'est pas fait pour ça"...
ou dans les questionnements des élèves en souffrance : "je ne sais pas si je suis fait pour les classes prépas."
J'ai souvent envie de répondre : ce sont peut-être les classes prépas qui ne sont pas faites pour toi.
Dans quel cas, les classes prépas ne sont pas vraiment faites pour vous ?
- quand vous aimez avoir le temps de travailler les sujets en profondeur
- quand vous aimez avoir le sentiment d'avoir fait "tout ce que vous aviez à faire"
- quand vous aimez vous sentir valorisé dans le discours des professeurs ou par les bonnes notes
Je l'écrivais il y a quelques mois : même dans une classe de CP des enseignants disent "il faut travailler plus" de manière générale et ce sont les élèves consciencieux qui l'entendent le plus alors qu'ils ne sont pas concernés.
Je ne pense pas que l'on puisse empêcher son fils ou sa fille de faire les classes prépas. Ça ne me parait pas plus pertinent que de vouloir les forcer à les faire. Dans un cas comme dans l'autre, ils pourraient choisir la voie que vous vouliez leur refuser simplement à cause du mode de fonctionnement qui est étudié à l'école du paradoxe. Si vous poussez dans une direction, vous avez de grandes chances que la personne que vous essayez de convaincre résiste. C'est même une loi physique...
Par contre, vous pouvez trouver des témoignages partout d'élèves qui ont commencé les classes prépas et décidé en une semaine que ce n'était pas fait pour eux. C'est le cas de ma belle-soeur qui a choisi une fac de droit dans le mois qui a suivi et qui y a fait de brillantes études.
A l'inverse, on trouvera des profils qui sont allés au bout de la prépa pour mieux décrocher après. Les exemples sont nombreux d'ingénieurs qui n'exercent pas leur profession après de Grandes Ecoles, quand Antoine, chanteur et voyageur, semblait faire figure d'exception après Centrale Paris dans les années 70...
Suis-je en mesure d'accompagner ceux qui se posent ces questions ?
Suis-je en mesure d'aider à aller au bout d'un cursus qui me semble parfois destructeur ?
Je me pose la question à chaque fois. Pour chaque élève la situation est différente.
J'aime cette incertitude. J'aime me mettre à leur écoute.
J'aime "ne pas savoir à leur place".
Je n'ai pas la réponse tant qu'ils ne l'ont pas eux-mêmes.
Et parfois, nous avons des surprises. Dans les deux sens.
Une étudiante qui avait demandé un accompagnement en vue d'une réorientation à la fin de l'année d'hypokhagne a choisi de continuer en khagne "parce que ce n'était pas à quelques élèves arrogants et désagréables de sa classe de déterminer son avenir".
L'année dernière, j'ai rencontré un élève avant les vacances de la Toussaint pour l'aider à continuer ses classes prépas parisiennes. Quand il m'a recontacté après les vacances, c'était pour valider un nouveau projet professionnel qui lui permettait de se recentrer sur ses talents et ses centres d'intérêts, tout en rejoignant sa région d'origine.
Enfin, un des premiers coachings médiatisés consistait à dire "en douceur" aux parents que leur fille avait besoin d'arrêter la prépa. Elle avait dormi 14h par nuit pendant toutes les vacances et ne voulait pas y retourner. Les parents avaient commencé leurs demandes par "nous privilégions la santé de notre fille avant tout".
A suivre...
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