Bonjour,
Pour répondre à un témoignage/commentaire, j'ai pris conscience que ce qui est le plus difficile en prépa, c'est que les classes prépas
- nous font perdre le goût des matières que nous aimons
- nous font perdre de vue nos rêves
Ce sont pourtant les deux leviers de la motivation !
1. Les matières que nous aimons
Les matières que nous aimons, le plaisir de trouver la solution d'un exercice de maths, le plaisir de comprendre un phénomène physique, parfois simplement le goût du travail bien fait, la construction d'un raisonnement philosophique, économique ou scientifique... ce sont les petits plaisirs quotidien, conscients ou non, du "bon élève".
Celui qui fait un parcours presque sans faute jusqu'au bac pour avoir envie de faire les classes prépas.
2. Nos rêves
Les élèves qui entrent en classes prépas ont de l'ambition. Ils n'ont probablement pas peur de beaucoup travailler. Mais surtout, ils sont portés par un rêve. Si le rêve s'incarne simplement dans une Grande Ecole, il ne "porte" pas beaucoup ou pas autant qu'on le voudrait, certains samedi après-midi ou autres lundi soir où l'on aurait besoin de beaucoup d'énergie pour se mettre au travail.
Les élèves des classes prépas sont pour la plupart des élèves avant tout généreux et portés par des rêves généreux et humanistes : devenir pilote à l'ENAC, travailler dans l'aérospatial, imaginer un jour changer le monde.
Pour ceux qui veulent à 18 ans travailler dans la finance pour gagner plein d'argent, en passant par l'école de commerce comme par l'école d'ingénieur, je ne me fais pas de souci pour eux. Ou, au contraire, je me fais beaucoup de souci après avoir vu tant de - plus ou moins - copains aller se brûler les ailes dans les mathématiques financières avant la crise de 2008.
Pour ceux qui y sont encore - ou qui en rêvent encore - j'imagine qu'il faudra plus qu'un article dans un petit blog confidentiel pour leur faire ouvrir les yeux sur les dégâts qu'ils causent partout.
Revenons aux élèves généreux et portés par des rêves personnels, scientifiques ou humanistes... la prépa fait beaucoup de mal à ces rêves et beaucoup de mal à ces élèves.
3. Des professeurs à la fois enseignants et bourreaux
Elle fait d'autant plus de mal que ce sont les mêmes enseignants pour lesquels ces élèves consciencieux étaient prêts à se démener les années précédentes qui sont porteurs d'un discours réducteur et cassant, ou simplement apporteurs de notes toujours "médiocres" dans le référentiel de l'année précédente où en-dessous de 14, on peut se dire assez sérieusement, qu'on est "à côté de la plaque".
Faire table rase du passé. Dire que les maths, "on va tout reprendre depuis le début, parce que ce que vous avez fait jusque-là, ce n'est pas vraiment des maths". En faire jour, soir et parfois nuit, tous les jours, jour après jour, et même le week-end. Et même les vacances. Jusqu'à la nausée. C'est dommage.
Les plus mathématiciens d'entre-eux n'accepteront d'ailleurs pas cette manière de détruire le raisonnement mathématiques par la vitesse, la quantité, et - osons le dire - le bourrage de crâne.
Je me souviens très bien de l'accompagnement, toute l'année, de Youval, passionné de mathématiques, qui a tout fait pour aller jusqu'au bout de l'année et valider son inscription en L2 en maths. De l'année, il n'a pas eu le sentiment que la matière qu'il aimait lui était proposée en maths sup à Condorcet. Courir, se dépêcher, apprendre tout si possible, le plus vite possible. Quand lui avait besoin d'aller au bout du chapitre, d'en avoir une vision d'ensemble avant de commencer à comprendre, avant de commencer à pouvoir seulement apprendre.
Tristesse
Alors continuez, les profs, à défendre votre système comme un super système d'excellence, continuez, l'Union des Professeurs de Spéciale à penser que c'est le lycée qui provoque un abaissement du niveau :
http://prepas.org/ups.php?article=846 |
Ce qui se passe, c'est que les élèves avertis devraient refuser de tenter le rouleau compresseur de la prépa.
Ce qui se passe, c'est que les élèves sensibles et créatifs devraient refuser de tenter le rouleau compresseur de la prépa.
Ce qui se passe aussi, c'est que les élèves portés par un rêve et par le goût des matières scientifiques ou littéraire ramassent les miettes du plaisir qu'ils avaient après l'essorage à 1600 tours qu'ils subissent parfois en prépas.
Je mets "parfois" par politesse.
Albert Jacquard, depuis des années, proposait une critique des classes prépas sur la propension à mettre en valeur des personnes unidimensionnelles quand nous avons tant besoin d'ingénieurs, d'économistes et d'intellectuels à dimensions et curiosités multiples.
Ceux qui traversent les classes prépas sans trop de dommage ne sont ni sensibles ni créatifs. Ils sont capables de travailler les matières essentielles pendant des journées entières sans regretter ni le temps qu'ils ne passent pas avec leur famille ou leurs amis, ni les activités sportives ou artistiques, ni même l'étude d'autres sujets qui peuvent les intéresser.
Espoir
Ce qui me donne de l'espoir, c'est que les choses sont en train de changer.
- De plus en plus d'écoles recrutent de plus en plus d'élèves en dehors des classes prépas.
- De plus en plus d'écoles recrutent par d'autres systèmes de préparation, plus courts, comme les prépas ATS après un DUT.
- De plus en plus d'élèves refusent de passer par la case "prépa" que ce soit
- parce qu'ils ont vu un frère ou une soeur aînée s'y casser les dents,
- parce qu'ils ont compris en quelques jours à la rentrée que la prépa n'est pas faite pour eux ou simplement
- parce qu'ils "ne le sentent pas".
Et vous, vous en êtes où ?Avez-vous réussi à garder le goût de ce que vous aimiez ?Avez-vous réussi à garder confiance en vos projets, en vos rêves ?Bon courage !Gabriel
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