Bonjour,
J'ai mis des années à comprendre pourquoi c'était plus pertinent pour les élèves de 5/2 ou de "cube" de chercher des exercices ou des sujets au fond de la classe que d'écouter le cours.
Les penseurs des pédagogies alternatives le soulignent : "on ne peut rien enseigner, c'est à l'élève d'apprendre".
Cf. Les apprentissages autonomes, John Holt, Éditions l'Instant Présent 2014
Il est donc plus pertinent de privilégier les situations d'apprentissage par soi-même toutes les fois où ce sera possible, et en particulier quand on a déjà vu le cours ou qu'on peut être autonome sur le sujet proposé.
Notre apprentissage
Je comprends mieux pourquoi ces journées entières passées à écouter un prof ne fonctionnent que si nous mettons notre apprentissage en marche. Pour certains, ce sera une attention toute particulière à ce qui est dit parce que leur mémoire privilégiée est la mémoire auditive. Dans ce cas, la contrainte de copier le cours à toute vitesse peut les empêcher d'apprendre.
Il faut pouvoir "suivre". Il faut comprendre ce qui est dit. Comprendre ce qui est recopié. De nombreuses fois, j'ai cherché des solutions pour des élèves qui s'étaient mis à recopier sans comprendre. Parfois même sans écouter les explications proposées avec l'écrit du tableau à cause du rythme imposé. De nombreux élèves se contentent en effet de recopier ce qui est écrit "avec trois tableaux de retard" en espérant pouvoir le revoir plus tard.
Des réponses aux questions que nous ne nous posons pas
Le problème des classes prépas, c'est quand les cours apportent des réponses aux questions que vous ne vous êtes jamais posées.
Ça correspond au chapitre "Apprentissage non sollicité" du livre de John Holt cité ci-dessus, dont je reprends seulement quelques lignes :
Non seulement la leçon non sollicitée ne conduit pas à un apprentissage, mais - et ça a été difficile pour moi à comprendre - pour l'essentiel un tel enseignement empêche l'apprentissage.
(...)
Le (...) message que communique un enseignement non sollicité à celui qui le reçoit, c'est : " Ce que je vous enseigne est si difficile que, si je ne vous l'enseigne pas, vous ne serez pas capable de l'apprendre."
J'ai pu d'autant mieux faire la différence que je me posais effectivement beaucoup de questions. Tous les éléments qui me permettaient d'y répondre ou simplement de mieux y réfléchir devenaient passionnants pour moi.
Au contraire, pendant des journées entières, les profs de maths et physique - et particulièrement SI - ont répondu à des questions que je ne me suis jamais posées et qu'ils ne prenaient d'ailleurs pas la peine de formuler...
Un travail "qui ne paie pas"
Je crois que nous sommes là au cœur du sujet. Jusque-là, dans le système scolaire, un élève qui a une mauvaise note est un élève "qui n'a pas travaillé". En tout cas, c'est ce qui est imaginé dans ce système où tous les élèves seraient égaux devant la connaissance et le travail scolaire...
Les nombreuses difficultés et les échecs de nombreux élèves bien avant montrent évidemment le contraire...
En tout cas, pour la plupart des élèves qui sont arrivés en prépas, leur travail (ou absence de travail parfois) était récompensé par des bonnes notes.
Arrivés dans la prépa la plus prestigieuse qu'ils pouvaient obtenir avec leur dossier scolaire, ils se retrouvent tous avec des niveaux équivalents et la possibilité d'être tout à coup dernier et ce, de manière complétement inattendue puisque personne ne va à Louis le Grand en envisageant de "minorer" le DS de maths.
Tous sont promis à de - très - grandes écoles, au minimum Centrale Paris, avant de se confronter à "la réalité" des classes prépas. Une réalité pourtant toute relative puisqu'à niveau égal et quantité de travail égale, ils auraient des résultats très différents d'une prépa à l'autre.
La compétition et le stress
A aucun moment il n'a été établi que la compétition et le stress favorisent les apprentissages. Au mieux, ça favorise la compétition et le stress. Certes, beaucoup d'élèves vont au-delà de ce qu'ils auraient appris dans un autre contexte.
Qu'en reste-t-il un an après ?
Qu'en reste-t-il cinq an après ?
J'ai eu beaucoup de peine de constater que même l'école d'ingénieur qui suit immédiatement après les classes prépas ne tient aucun compte des apprentissages en classes prépas.
Les enseignements ne sont rattachés à rien de ce qui était proposé en prépas.
"J'ai cherché à COMPRENDRE les maths"
J'ai accompagné longuement un élève sur l'année scolaire 2016 / 2017. Beaucoup plus satisfait de ses méthodes de travail, de son organisation et de son efficacité, ses notes ne changeaient pourtant pas beaucoup en maths.
Normalement, après quelques séances de coaching pour se réapproprier leur manière à eux d'apprendre, les élèves que j'accompagne mettent fin au coaching parce qu'ils ont retrouvé confiance en eux et en leurs capacités à apprendre et à comprendre... et que ça se voit dans leurs notes de colles puis de DS.
Lors de cet accompagnement, au-delà de l'énergie et de la motivation retrouvées grâce à une meilleure satisfaction dans le travail au quotidien, il restait quelque chose à débloquer. Nous sommes allés jusqu'à réfléchir à l'utilisation excessive du brouillon, qui fait peut-être perdre trop de temps, en particulier si des éléments de réflexion n'arrivent jamais sur la copie parce qu'ils n'ont pas permis d'aboutir... La copie reste presque vide alors que de nombreuses recherches ont été effectuées et c'est dommage...
Un jour, il a trouvé la solution : lors d'un échange avec un élève qui avait d'abord eu des difficultés et dont les résultats étaient bien montés, il a compris qu'il était temps d'arrêter de "faire de son mieux pour en faire le plus possible".
IL ÉTAIT TEMPS DE SE METTRE A COMPRENDRE
Ainsi, au bout de trois mois de "recherches" sur ce qui allait pouvoir l'aider à progresser, il s'est mis à "prendre le temps" de comprendre. J'avais bien été sensibilisé par notre prof de sup à l'idée qu'au-delà de l'apprentissage du cours - indispensable - il fallait chercher les exercices...
Là, c'était encore d'un autre ordre. Comme une évidence à redécouvrir. Le cœur de cet article finalement.
La seule chose qui compte, c'est votre appropriation du sujet.
La seule chose qui compte, c'est le moment où vous comprenez de quoi il s'agit.
Le moment où vous comprenez la démonstration.
Mais vous en avez trop à faire. Vous en avez trop à apprendre.
Alors vous cherchez des raccourcis.
Vous essayez l'apprentissage par cœur.
Vous essayez de bachoter des exercices déjà corrigés par le prof.
C'est indispensable, mais ça n'est pas suffisant.
Pour progresser, pour simplement "faire des maths", il vous faut :
Apprendre le cours
Comprendre les liens entre les éléments
Comprendre la démarche de la démonstration
Chercher et comprendre l'exercice.
Le temps "perdu" dans ces démarches est gagné pour les colles, les DS et le concours.
De toutes façons, il faut vous rendre compte que la mémoire à court terme n'est qu'une forme d'illusion dans la préparation d'un concours. On en revient à ce que j'écrivais dès l'ouverture de ce blog : le conseil des enseignants de Ginette de ne pour ainsi dire pas réviser les colles et les DS.
Des colles et des DS à votre service
Souvent dans les accompagnements à la gestion du stress, je vous invite à voir les enseignants, les colles et les DS comme des aides et des outils dans votre préparation du concours. Ainsi, la note de colle ou de DS n'est plus "dramatique", elle est simplement un indicateur de "là où vous en êtes, sur ce sujet, à ce moment-là".
Quand vous vous êtes boosté la veille par un bachotage intense, ça peut vous donner une bonne note pour assurer votre passage dans l'année supérieure... ça ne vous garantit pas de vous souvenir de la notion lors de l'oral du concours un an ou dix-huit mois plus tard...
Enfin, je n'ai rien contre l'apprentissage la veille. Le DS peut alors agir comme une source de motivation externe efficace !
A mes yeux, une chose est sûre, à chaque fois que vous "perdez du temps" pour comprendre une notion de cours ou chercher vraiment exercice, c'est du temps que vous gagnerez au DS.
Sinon, les seules fois où vous vous retrouvez à chercher vraiment un exercice sans avoir la correction sous les yeux ou à l'arrière du bouquin, c'est pendant le DS, et là, ça va vous prendre beaucoup trop de temps ou déclencher beaucoup trop de stress !
Et vous, vous en pensez quoi ?
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Bon été et bonne rentrée,
Gabriel
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