Bonjour,
J'ai mis 19 ans à comprendre que ce qui se passait dans la classe de PSI* de 1998-1999 du Lycée Pothier à Orléans n'était pas normal.
Il a fallu cette campagne sur Twitter du #MeToo pour que je comprenne que des élèves masculins qui sifflent, persifflent et suintent "CUISSSSSSE" à chaque fois que les deux seules filles de la classe sont interrogées ou tentent de poser une question, c'est une forme de harcèlement.
Dans cette ambiance que je qualifierais aujourd'hui de "pourrie" - mais je n'en avais pas conscience à l'époque et j'ai mis beaucoup de temps pour en prendre conscience - il était également de bon ton de lancer un grand "SUSSSSSS" ou "SUCE" contre les élèves considérés comme fayots par les 5/2 ou les autres, qui menaient la danse et faisaient s'installer la tradition de ce qu'ils avaient fait et vu faire également l'année précédente.
Est-ce que cette tendance est toujours d'actualité ?
Est-ce que la tradition de harcèlement envers les élèves filles de la classe peut se transmettre ainsi, d'une année sur l'autre sans être remise en question, ni par les nouveaux élèves, ni par les PROFS ???
A l'époque, une année ou deux plus tôt, une Secrétaire d'Etat à l'éducation s'était déplacée au Lycée Pothier pour un incident de bizutage à l'internat du Lycée. Elle s'appelait Ségolène Royale. Pour rester dans le ton, le commentaire avait été qu'elle avait "de belles jambes".
Quand l'histoire recoupe l'Histoire, on peut retrouver les éléments sur internet, dans Wikipédia :
ou dans Libération
Ça permet de préciser que Ségolène Royal était en fait Ministre déléguée à l'enseignement scolaire, en lien avec le Ministre de l’Éducation Claude Allègre.
Dans le cas du bizutage des sports-études judo, "les victimes ont osé parlé (...) les autorités ont immédiatement agi" et les politiques ont voulu en faire un exemple.
Mais en ce qui concerne le harcèlement en classes prépas, il a encore lieu.
Quand un prof s'attaque au plus faible.
Quand devant toute la classe il remet les copies par ordre croissant ou décroissant des notes pour mieux les stigmatiser.
Quand il ne se contente pas de dire "de travailler plus", ou qu'ils ne "travaillent pas assez" mais qu'il ajoute "vous êtes nuls" que ce soit de manière collective ou plus ciblée, il devient un harceleur.
Dans la mention d'une plainte pour harcèlement, il y a la distinction entre des propos répétés qui ont pour OBJET (= comme objectif) ou pour EFFET de dégrader la santé de la personne harcelée.
Les profs n'ont certainement pas pour objet de détruire leurs élèves. Mais, pas si étonnament que ça, leurs propos répétés, agressifs, humiliants ou stigmatisants contre des élèves en particulier, devant toute la classe et dans un contexte où les élèves n'ont pas d'autre choix que d'essayer de tenir le coup et de rester, ça fait de la casse.
Que se passera-t-il le jour où les élèves ou leurs parents se mettront à porter plainte ?
Est-ce déjà arrivé ?
Est-ce qu'au Lycée Pothier ou ailleurs, en classe de PSI* ou ailleurs, il existe encore des classes où suinte un "Cuiss'ss" quand les filles sont interrogées ou tentent de poser une question ?
Je suis inquiet.
#MeToo
RépondreSupprimerJe me rends compte, en relisant mon article, que c'est tellement "difficile à dire" que je ne l'ai pas écrit dans l'article alors je vais l'ajouter là.
Respectueux et poli, je disais "bonjour" au prof en entrant dans la salle et ça m'a valu de subir les "suce" tout au long de l'année.
Je pose ça là et je participe ainsi, du mieux que je peux, à la libération de la parole qui est en train de se mettre en place sur ces sujets. Aussi douloureux soient ils.
Bon courage à chacun et à chacune pour ne plus vous laisser faire. Parler et vous défendre.
#MeToo
Le crédit pour la photo de l'article est à l'artiste Emma, vous arrivez sur sa page Facebook si vous cliquez sur l'image. Merci à elle.